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Philosophie - Le désir est-il la marque de la misère de l'homme ?

INTRODUCTION

Pascal, dans ses Pensées, souligne le caractère paradoxal de cette créature qu'est l'homme. A la fois fragile et immense, il n'est qu'une créature de chair destinée à périr; cependant, il se distingue par ceci qu'il est capable de concevoir sa propre fragilité. L'homme a une grandeur (il pense). Mais il est aussi une créature misérable. Les philosophes contemporains parlent de la finitude de l'homme: il est fini, c'est-à-dire limité, imparfait. La faculté de désirer peut sembler un exemple de cette misère de l'homme: le désir trouve sa source dans le corps, cette machine périssable qui nous attache à la terre, dans la matière. Il est source de déception et de frustration. Cependant, que serait une vie sans désir? Le désir souligne-t-il seulement la misère de l'homme? De quoi est-il le signe, que signifie-t-il quant à la condition humaine? Que nous dit le désir sur cet être qu'est l'homme? Quelle créature l'homme doit-il être pour être capable de désirer?

I. Le désir, preuve de la misère de l'homme

1. Source des désirs

Nos désirs expriment bien souvent des besoins qui n'ont rien de très noble. Mais si l'on s'interroge sur la source de nos désirs, on verra que même les plus reconnus d'entre eux ont une origine qui nous ramène à notre condition d'être vivants. Tout désir a sa racine dans le corps.
C'est ainsi que Freud montre que nos désirs ne sont que l'expression de pulsions sexuelles. Pour le comprendre, on doit remonter à la façon dont il explique le rêve et la maladie mentale. Le rêve a été traité longtemps comme incompréhensible. Freud propose une hypothèse qui permet de l'expliquer. Le rêve, malgré son apparente absurdité, a un sens. Mais ce sens est caché, parce qu'il concerne la vie intime du rêveur, parce qu'il exprime des désirs que le rêveur ne veut pas évoquer. Le rêve est une soupape de sûreté, une manière pour le rêveur d'apaiser un désir inavouable sans pour autant avoir à en reconnaître l'existence. Le rêve est un moyen pour des pulsions jugées honteuses de trouver une satisfaction, sous une forme détournée, sous une forme imaginaire. Il est un moyen de substitution. Mais il arrive que le rêve ne suffise plus. Les pulsions, trop fortes, s'expriment par d'autres moyens: les symptômes, par exemple hystériques. Freud traite ces maladies par la psychanalyse. La cure repose sur la parole, sur l'expression, par libre association. Anna O..., l'une des premières patientes de Freud, dont il décrit le cas dans les Cinq leçons sur la psychanalyse, parle elle-même, à l'issue de ses séances, de "talking cure": la simple expression de l'origine des symptômes conduit à leur disparition provisoire. La parole est libératrice, elle a une fonction cathartique. Freud observe un phénomène qui attire son attention et confirme ses hypothèses: la résistance. Lorsqu'il aborde les sujets qui concernent l'origine de la maladie, lorsqu'il touche au but, le patient essaie d'esquiver. C'est l'expression du refoulement. On a bien affaire à un conflit, chez le patient, entre un désir qui tend à s'exprimer, et une auto-censure de genre moral. Ce qui est à l'origine de la maladie: toujours la vie sexuelle. Freud se défend de l'idée qu'il aurait projeté ses propres phantasmes sur ses patients: "A cette découverte, mon attente n'eut aucune part, j'avais abordé l'examen des névrosés dans un état d'ingénuité complète" (Ma vie et la psychanalyse). Parmi les moyens détournés que trouvent les pulsions pour se satisfaire de façon symbolique: la sublimation. Dans l'impossibilité de posséder l'objet réel, on se satisfait de façon symbolique. Ainsi le désir peut trouver un exutoire dans la création, artistique ou littéraire. Les désirs tenus pour les plus nobles auraient donc des origines moins glorieuses.

2. Le désir, signe d'un manque

Tout désir est toujours le signe d'une insatisfaction. Tout désir est le signe d'un manque. Si je désire quelque chose, c'est que je ne le possède pas.
Entre savoir et ignorance, Amour est intermédiaire. Voici ce qui en est. Parmi les dieux, il n'y en a aucun qui s'emploie à philosopher, aucun qui ait envie de devenir sage, car il l'est; ne s'emploie pas non plus à philosopher, quiconque d'autre est sage. Mais pas davantage les ignorants ne s'emploient, de leur côté, à philosopher, et ils n'ont pas envie de devenir sages; car ce qu'il y a précisément de fâcheux dans l'ignorance, c'est que quelqu'un, qui n'est pas un homme accompli et qui n'est pas non plus intelligent, se figure l'être dans la mesure voulue: c'est que celui qui ne croit pas être dépourvu n'a point envie de ce dont il ne croit pas avoir besoin d'être pourvu.
- Quels sont donc alors, Diotime, m'écriai-je, ceux qui s'emploient à philosopher, si ce ne sont ni les sages, ni les ignorants ?
- La chose est claire, dit-elle, et même déjà pour un enfant! Ce sont ceux qui sont intermédiaires entre ces deux extrêmes, et au nombre desquels doit aussi se trouver Amour. La sagesse en effet est évidemment parmi les plus belles choses, et c'est au beau qu'Amour rapporte son amour; d'où il suit que, forcément, Amour est philosophe, et étant philosophe, qu'il est intermédiaire entre le savant et l'ignorant.
PLATON, le Banquet
Désirer, c'est tendre vers quelque chose que l'on ne possède pas encore. Je ne désire que ce dont je manque. Celui qui atteint son but cesse de désirer. Par exemple, si la philosophie est l'amour du savoir, elle n'est donc pas le savoir lui-même, la possession de la vérité, mais l'effort pour l'atteindre. C'est pourquoi ce texte, dont l'objet est apparemment la philosophie, comporte aussi une réflexion sur le désir. Si la philosophie est amour du savoir, elle est donc le signe d'une ignorance, d'un manque de savoir. Le désir est donc nécessairement, par définition, le signe d'un manque, le signe que je m'éprouve moi-même comme incomplet, inachevé, imparfait. Les dieux ne désirent pas savoir, contrairement aux philosophes, parce qu'ils savent déjà. De façon générale, si Dieu est un être parfait, il ne doit rien désirer, parce qu'il ne manque de rien. Dieu est un être sans désirs, ou bien il serait imparfait. Le désir est contraire à sa nature. Le désir, c'est le signe que nous ne sommes pas divins, c'est le signe de ce que Pascal appelle la misère de l'homme, sa finitude.
Cette insatisfaction est radicale, elle tient à la racine même de notre être. Il ne s'agit pas d'une insatisfaction passagère, comme il arrive lorsque je suis privé d'un objet particulier. Cette insatisfaction est permanente et ne peut jamais être comblée. Le désir est infini, illimité. Cela nous condamne du même coup à être toujours insatisfaits, jamais contentés, toujours malheureux.

3. Le cycle du désir

La satisfaction ne met pas fin au désir, ou seulement pour un temps réduit. Le désir se renouvelle aussitôt. En effet, la satisfaction d'un désir implique toujours une déception. Dans l'attente, j'ai tendance à idéaliser l'objet. Lorsque je le possède, il déçoit mon espérance. De plus, la satisfaction est décevante parce qu'elle est éphémère. Ainsi, dit-on, le meilleur jour de la fête, c'est la veille, ce sont les préparatifs. Mallarmé évoque "le parfum de tristesse que laisse la cueillaison d'un rêve au cœur qui l'a cueilli" (Apparition). Non seulement le désir renaît, mais il se renforce et devient de plus en plus exigeant. C'est ce qu'avait noté Epicure au sujet des désirs non nécessaires: ils suscitent un effet d'accoutumance, de sorte que l'on devient toujours plus difficile. Platon aussi compare l'âme du passionné à un vase percé: il est impossible de le remplir. Le désir ne peut jamais être comblé, il est insatiable. Il y a une surenchère du désir. Le cas particulier du collectionneur est typique du désir en général: il n'est jamais satisfait, la pièce la plus précieuse de sa collection, c'est toujours celle qui lui manque. Nous sommes finalement tous comme Don Juan, représenté par Molière ou Mozart. Il collectionne les femmes. Mais aucune conquête ne met jamais fin à son désir. Mais après quoi court donc Don Juan? L'objet de son désir ne saurait être telle ou telle femme en particulier, puisqu'aucune ne suffit jamais à le combler. On peut dès lors soupçonner que l'objet du désir n'est qu'en apparence le but poursuivi. Le but réel du désir, c'est le désir lui-même. L'objet n'est qu'un prétexte. Le désir, en réalité, est désir du désir, comprenons: désir de la prolongation du désir. Si le désir visait réellement sa propre satisfaction, son renouvellement perpétuel serait incompréhensible. Le désir vise autre chose que l'acquisition ou la possession. Comment expliquer autrement notre préférence pour le désir et l'attente que pour la satisfaction elle-même? On l'a dit, nous prenons davantage de plaisir aux préparatifs ou aux préliminaires. Pascal écrit que nous préférons "la chasse à la prise": ce qui fait courir le chasseur, c'est plutôt le plaisir de la traque que celui de tuer l'animal. C'est pourquoi aussi le désir se donne des obstacles, afin de se prolonger lui-même. "Retarder le plaisir, n'est-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir?" (D. de Rougemont, l'Amour et l'Occident). Le désir ruse en vue de se perpétuer. Le désir s'éteint dans la possession: "l'amour heureux n'a pas d'histoire". En revanche, la passion se magnifie dans la difficulté. Amour impossible. Amour courtois. Cf A. Jardin, Fanfan. Le désir est donc une sorte de fuite, de fuite en avant. Que fuyons-nous? Une réalité décevante. (le désir idéalise). La satisfaction du désir n'engendre pas le bonheur, car elle cesse bientôt, et laisse place à la déception et à l'ennui. Le désir est désir de fuir l'ennui. L'ennui nous paraît redoutable, parce qu'il laisse l'esprit libre de méditer. Or, toute méditation nous conduit à des pensées tristes, comme celle de la mort. Nous fuyons donc dans un désir sans objet - peu importe l'objet, puisque c'est le désir lui-même qui compte - afin de trouver un divertissement.
Cela conduit à penser l'homme comme une créature misérable. Plutôt qu'un être, il est un non-être, un vide, un manque qui se creuse à mesure qu'il essaie de se combler. Toutefois, on ne saurait en rester là. La théorie freudienne, qui réduit tout désir au besoin sexuel, a été critiquée même par ses disciples en particulier C.G.Jung). Et si le désir est sans doute signe d'une imperfection, il révèle en même temps que l'homme est capable de se représenter une idée de la perfection. Si j'éprouve sans cesse de nouveaux désirs, pourra-t-on dire, c'est que je me projette vers une certaine idée de la perfection.

II. Le désir, signe de la grandeur de l'homme

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1. Une soif d'absolu

Le désir, comme on l'a vu, ne se satisfait pas de la possession d'un objet particulier. C'est donc que la visée du désir dépasse cet objet particulier, que le désir a une fin plus haute. S'il est impossible à satisfaire, c'est peut-être parce que nous cherchons en réalité autre chose. Le sens du désir ne s'épuise pas dans la possession de l'objet. Cela vient peut-être de ce que le désir a pour but un absolu, un idéal, qui par définition ne peut être atteint. Le désir serait donc en fait l'indice de la présence en nous d'un besoin d'absolu. Il révélerait que l'homme est un "animal métaphysique", qu'il a une soif métaphysique. La quête désespérée de Don Juan pourrait être l'expression d'une recherche métaphysique, dont il n'a pas conscience, ou dont il refuse de reconnaître la réalité[note 1].
C'est ainsi que Platon représente le désir: il est une initiation à la métaphysique. Le désir est le signe d'un manque, mais d'un manque d'absolu. Le désir, de degré en degré, nous élève à la sagesse. Tout commence par le désir d'un corps. Ce désir ne peut jamais être comblé. Les amants s'étreignent comme s'ils ne voulaient faire qu'un, mais la fusion parfaite est impossible. La "possession" n'est qu'une façon de parler. C'est pourquoi, du désir des beaux corps, on s'élèvera à l'amour des belles âmes, on s'intéressera davantage à la "beauté intérieure", à la beauté morale. Ainsi, on découvre d'autres formes de beauté. De là, on commencera à chercher ce qu'il y a de commun à tout ce qui est beau. De la beauté de tel corps ou de telle âme, on passera à la découverte de la beauté en elle-même, à la contemplation de la beauté en soi, à l'idée de beauté. On arrivera ainsi à la contemplation des Idées, qui sont pour Platon la vérité. Si le désir est sans fin, c'est qu'il nous invite à chercher au-delà de la chair. Le désir physique nous porte vers le désir de vérité - la philosophie elle-même est un désir, l'amour de la sagesse. Saint Augustin en tirera une interprétation théologique. Cet absolu que nous cherchons à travers les étapes du désir, il le nomme Dieu: "Tard je vous ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je vous ai aimée. C'est que vous étiez au-dedans de moi (...)ma laideur se jetait sur tout ce que vous avez fait de beau"(Confessions, livre X, ch. XXVII: Dieu est au-dedans de nous). Augustin s'est d'abord trompé sur le sens du désir, en voulant satisfaire ses désirs charnels. Puis il a compris que, au-delà de la beauté de la chair, c'est la beauté absolue qu'il faut aimer.

Le désir serait donc bien le signe d'un manque. Mais ce dont l'homme manque nous révèle quelles sont ses valeurs. "Toutes ces misères-là prouvent sa grandeur. Ce sont misères de grand seigneur, misères d'un roi dépossédé " (Pascal, Pensées, Br. 398). Il est le signe de la vocation (appel) de l'homme. Le désir serait finalement l'expression d'une nostalgie de Dieu sentie par l'homme, mais pas toujours consciente.

2. La volonté infinie

Le désir témoigne d'un manque. Mais en même temps, il révèle la grandeur des aspirations de l'homme. Il témoigne de la présence de quelque chose de divin en l'homme. Si l'homme est limité, il y a du moins une faculté, en lui, qui elle est illimitée, c'est sa volonté. Descartes le remarque: notre entendement est fini; mais la volonté, elle, est infinie. C'est une faculté absolument libre, que rien ne saurait contraindre. Par conséquent, je peux vouloir n'importe quoi, je peux tout vouloir. De même, le désir n'a pas de limite. On peut tout désirer, même l'impossible, par exemple désirer l'immortalité. Descartes y voit comme la trace en nous de notre origine divine, la marque ou la signature laissée par le fabriquant sur son œuvre. Il y a en nous une faculté qui nous rapproche de Dieu et nous apparente à lui, c'est précisément le désir.
"Borné dans sa nature, infini dans ses vœux,
L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux"
(Lamartine)[note 2]

III. Le désir, signe de l'humanité de l'homme

On peut trouver naïve l'idée que le désir témoigne en nous de la présence de Dieu. Mais la thèse de Platon présente l'intérêt de souligner ceci, que le désir nous porte au-delà. En fait, le désir est à l'image de l'homme et de la condition humaine. Il est un parfait exemple de ce qu'est l'existence humaine. Le désir est typique de la façon d'être particulière qui est celle de l'homme. En cela, il porte témoignage de l'originalité de cet être qu'est l'homme. Il révèle chez l'homme certaines facultés qui lui sont propres. Que doit être l'homme pour être capable de désirer? A quelles conditions un être est-il capable de désir?
Le désir suppose la possibilité de concevoir autre chose que le réel présent. Pour désirer - ce qui n'est pas, ou pas encore -, il faut être capable de se détacher de l'actuel pour concevoir l'autre, le possible. Cela suppose donc une certaine liberté de la part de l'homme, celle de s'arracher à l'emprise du présent. Le désir implique la conscience d'un avenir possible, donc la capacité pour le sujet de n'être pas limité à ce qu'il est à l'instant, mais de se projeter vers des possibles. Pour avoir conscience de ce qui me manque, encore faut-il d'abord que j'aie conscience de moi-même, et que cette conscience ne se confonde pas simplement avec le sentiment immédiat de ce que l'on est, mais qu'elle implique aussi la capacité de se détacher de soi pour se comparer à ce que l'on n'est pas, à ce que l'on pourrait être. Pour désirer, il faut que j'aie conscience de ce que je suis, mais aussi bien de ce que je ne suis pas encore, et que je sois capable de comparer mon être réel et actuel à cet être idéal futur. Le désir naît de la conscience d'un écart entre les deux. Certes, il signale que je suis en-deçà de ce moi idéal et plus parfait. Mais il constitue le remède. Il est un signe de ma misère, mais aussi le moyen de la dépasser. Il révèle la faculté de me projeter au-delà de ce que je suis. Tout homme existe en poursuivant des désirs, des rêves, des projets. Un homme n'est jamais simplement ce qu'il est à un instant " t ", mais il est toujours déjà plus loin, au-delà, sur la trace d'un nouveau but. D'ailleurs, on n'apprécie jamais d'être défini. On se trouve alors limité, réduit à un défaut ou une qualité. Ainsi, tout homme est sans cesse en projet de lui-même, en devenir. Cette faculté de se dépasser soi-même, c'est-à-dire de ne jamais se contenter de ce que l'on est, cette transcendance que le désir met au jour, est le mouvement même de l'existence humaine. (Transcendance: dépassement). L'homme est un éternel insatisfait. Mais c'est cela même qui caractérise une existence proprement humaine. L'homme, disent les existentialistes, se caractérise par l'existence. L'existence n'est pas le simple fait de vivre. C'est le fait d'être constamment en route. Le préfixe "ex" suggère un mouvement hors de (hors de soi). Le désir est inquiétude, au sens courant: il implique une tension, et une crainte. N'avoir pas de désir, c'est plus reposant. Mais il est aussi in-quiétude. L'inquiétude, selon l'étymologie, est l'absence de repos, le contraire du repos, donc le mouvement. L'homme est un être toujours en mouvement. "Notre nature est dans le mouvement, le repos entier est la mort" (Pascal, Pensées, Br. 129) [note 3 ].

Conclusion :

Le désir, certes, est le signe d'un manque d'être. L'homme est condamné à l'insatisfaction. Mais s'il est un éternel insatisfait, c'est parce qu'il existe au lieu de vivre une vie purement biologique. Toute conscience est tendue vers un avenir. Bien sûr, l'homme est loin d'être un dieu. Mais le désir révèle sa grandeur, qui est de ne pas être limité à son présent, fermé à tout devenir, mais au contraire ouvert aux possibles.

Notes:
1. C'est l'idée suggérée par Molière, avec la statue du commandeur: Don Juan chercherait à provoquer Dieu.
2. Rousseau: l'homme, "avide et borné". Borné, soit, mais avide. Doué d'une volonté infinie.
3. "La conscience est pour soi-même son propre concept, elle est donc immédiatement l'acte d'outrepasser le limité (...)La conscience subit donc cette violence venant d'elle-même, violence par laquelle elle se gâte toute satisfaction limitée. Dans le sentiment de cette violence, l'angoisse peut bien reculer devant la vérité, aspirer et tendre à conserver cela même dont la perte menace. Mais cette angoisse ne peut pas s'apaiser: en vain elle veut se fixer dans une inertie sans pensée; la pensée trouble alors l'absence de pensée et son inquiétude dérange son inertie " (Hegel, Phénoménologie de l'Esprit, intro, p.71 traduction Hyppolite).
Bibliographie:
Freud, Introduction à la psychanalyse (Payot)
Pascal, Pensées
Epicure, Lettre à Ménécée